Au
XVIe siècle, les Estienne forment une famille d’imprimeurs et
d’érudits. Célèbres en leur temps, ils le sont demeurés pour la qualité
des travaux auxquels ils se sont attachés. Leur marque, un olivier,
évoque Laure de Montolivet, mère d’Henri Ier Estienne.
Henri Ier, collaborant avec Hopyl, un Allemand, imprime au début du siècle plus de cent vingt ouvrages en latin. Peu de temps après sa mort (1520), sa femme épouse Simon de Colines, autre imprimeur connu, et l’atelier continue de publier (sept cents ouvrages). Le fils aîné d’Henri, François, est reçu libraire quinze ans plus tard et s’illustre par des éditions en grec, mais c’est son frère Robert qui est le plus célèbre.
Robert Ier Estienne (1503-1559) s’est spécialisé notamment dans la publication de textes anciens, grecs (caractères Garamond) et surtout latins. On conçoit assez mal aujourd’hui quel genre d’activité exerçait l’imprimeur. Robert Ier Estienne a composé une préface en grec pour l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée et rédigé un Traité de la grammaire française . C’est dire qu’imprimeur il ne s’est pas contenté d’éditer les ouvrages des autres, mais a apporté toute son érudition à ce qu’on appellerait aujourd’hui une édition critique, avec notes et variantes, ce qui paraît du ressort des universitaires actuels. Son Thesaurus linguae latinae (1531-1532), remarquable de précision et de clarté, a servi à tous les auteurs de dictionnaires latin-français.
Comme beaucoup d’humanistes, Robert Estienne a marqué des sympathies pour les idées de la Réforme, tombant sous le coup des condamnations des docteurs de la Sorbonne qui n’apprécient pas qu’il édite des textes bibliques. Bien que le roi François Ier le défende, il préfère s’exiler à Genève en 1551 pour éviter d’autres tracasseries. C’est Charles, son frère cadet, qui lui succédera comme imprimeur du roi, bien qu’il ait suivi une tout autre carrière. Médecin, il a fait en la compagnie de son élève Antoine de Baïf un voyage en Italie. Il est l’auteur d’un ouvrage d’anatomie qu’il fait paraître en latin d’abord, puis en français. Il meurt emprisonné pour dettes au Châtelet en 1564.
Des trois fils de Robert Ier, Henri II (1528-1598) est le plus connu, reprenant l’œuvre de son père et la continuant. Véritable polyglotte, il parcourt l’Europe à la recherche de manuscrits grecs et fait paraître la première édition d’Anacréon. Il traduit souvent en latin et commente les textes avec un sens très sûr de la langue grecque. Son Thesaurus linguae graecae (1572-1573) a été réédité au XIXe siècle et apparaît aujourd’hui l’un des dictionnaires les plus intelligents qu’on ait faits. Parmi ses nombreux ouvrages, on retiendra deux curieux petits livres, le Traité de la conformité du langage français avec le grec (1565), qui met en relief des traits structuraux analogues dans les deux langues et donne des indications de traductions, et le Projet du livre intitulé « De la précellence du langage français » (1579), qui étonne par une paradoxale alliance d’ouverture d’esprit et de chauvinisme culturel ; l’aspect polémique de cet ouvrage vaut à son auteur d’être mis en prison sur l’ordre du Conseil de Genève. Enfin, son Apologie pour Hérodote (1566) ne parle guère pour l’historien grec, mais constitue une satire souvent incendiaire, presque toujours drôle et même spirituelle des mœurs catholiques, le tout entrecoupé de contes gaulois souvent fort épicés. C’est certainement, en prose, le meilleur ouvrage satirique du XVIe siècle.
La génération suivante eut moins d’éclat, certains abjurant le calvinisme pour accéder aux fonctions d’imprimeur royal, et si Robert III traduisit la Rhétorique d’Aristote (1624), il n’eut pas et de loin l’activité de son oncle. Ce fut sans doute Antoine (1592-1674), petit-fils d’Henri II et gardien des caractères Garamond, le dernier Estienne imprimeur. Au cours du XVIIe siècle, la famille s’éteint.
Henri Ier, collaborant avec Hopyl, un Allemand, imprime au début du siècle plus de cent vingt ouvrages en latin. Peu de temps après sa mort (1520), sa femme épouse Simon de Colines, autre imprimeur connu, et l’atelier continue de publier (sept cents ouvrages). Le fils aîné d’Henri, François, est reçu libraire quinze ans plus tard et s’illustre par des éditions en grec, mais c’est son frère Robert qui est le plus célèbre.
Robert Ier Estienne (1503-1559) s’est spécialisé notamment dans la publication de textes anciens, grecs (caractères Garamond) et surtout latins. On conçoit assez mal aujourd’hui quel genre d’activité exerçait l’imprimeur. Robert Ier Estienne a composé une préface en grec pour l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée et rédigé un Traité de la grammaire française . C’est dire qu’imprimeur il ne s’est pas contenté d’éditer les ouvrages des autres, mais a apporté toute son érudition à ce qu’on appellerait aujourd’hui une édition critique, avec notes et variantes, ce qui paraît du ressort des universitaires actuels. Son Thesaurus linguae latinae (1531-1532), remarquable de précision et de clarté, a servi à tous les auteurs de dictionnaires latin-français.
Comme beaucoup d’humanistes, Robert Estienne a marqué des sympathies pour les idées de la Réforme, tombant sous le coup des condamnations des docteurs de la Sorbonne qui n’apprécient pas qu’il édite des textes bibliques. Bien que le roi François Ier le défende, il préfère s’exiler à Genève en 1551 pour éviter d’autres tracasseries. C’est Charles, son frère cadet, qui lui succédera comme imprimeur du roi, bien qu’il ait suivi une tout autre carrière. Médecin, il a fait en la compagnie de son élève Antoine de Baïf un voyage en Italie. Il est l’auteur d’un ouvrage d’anatomie qu’il fait paraître en latin d’abord, puis en français. Il meurt emprisonné pour dettes au Châtelet en 1564.
Des trois fils de Robert Ier, Henri II (1528-1598) est le plus connu, reprenant l’œuvre de son père et la continuant. Véritable polyglotte, il parcourt l’Europe à la recherche de manuscrits grecs et fait paraître la première édition d’Anacréon. Il traduit souvent en latin et commente les textes avec un sens très sûr de la langue grecque. Son Thesaurus linguae graecae (1572-1573) a été réédité au XIXe siècle et apparaît aujourd’hui l’un des dictionnaires les plus intelligents qu’on ait faits. Parmi ses nombreux ouvrages, on retiendra deux curieux petits livres, le Traité de la conformité du langage français avec le grec (1565), qui met en relief des traits structuraux analogues dans les deux langues et donne des indications de traductions, et le Projet du livre intitulé « De la précellence du langage français » (1579), qui étonne par une paradoxale alliance d’ouverture d’esprit et de chauvinisme culturel ; l’aspect polémique de cet ouvrage vaut à son auteur d’être mis en prison sur l’ordre du Conseil de Genève. Enfin, son Apologie pour Hérodote (1566) ne parle guère pour l’historien grec, mais constitue une satire souvent incendiaire, presque toujours drôle et même spirituelle des mœurs catholiques, le tout entrecoupé de contes gaulois souvent fort épicés. C’est certainement, en prose, le meilleur ouvrage satirique du XVIe siècle.
La génération suivante eut moins d’éclat, certains abjurant le calvinisme pour accéder aux fonctions d’imprimeur royal, et si Robert III traduisit la Rhétorique d’Aristote (1624), il n’eut pas et de loin l’activité de son oncle. Ce fut sans doute Antoine (1592-1674), petit-fils d’Henri II et gardien des caractères Garamond, le dernier Estienne imprimeur. Au cours du XVIIe siècle, la famille s’éteint.
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