On appelle trait pertinent tout trait phonique ou articulatoire qui permet de remplir une fonction distinctive dans une langue donnée. Le trait pertinent désigne un trait phonique dont la présence ou l'absence dans un phonème entraîne un changement de sens du mot. Par exemple le trait nasal est un trait pertinent car il est présent dans /m/ et absent dans /p/, et c'est lui qui distingue mort /mɔʁ/ de port /pɔʁ/.
Voici le tableau phonologique des consonnes (ou phonèmes consonantique) du français :
===> /ʁ/ et /l/ ne figurent pas dans le tableau au dessus parce qu'elles s'opposent globalement aux autres consonnes du français. Cela veut dire les latérales (ʁ et l) n'ont besoin que d'un seul trait qui les distinguent radicalement de toutes les autres consonnes du français.
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Dans la paire port /pɔʁ/ et bord /bɔʁ/ les deux mot ne se distinguent que par les phonèmes /p/ et /b/, mais ce qui distingue /p/ de /b/ c'est ce trait de sonorité présent dans /b/ et absent dans /p/ (et vice-versa).
Mais un trait qui est pertinent dans un cas peut cesser de l'être dans un autre cas. Exemple dans la paire mort /mɔʁ/ et port /bɔʁ/ le trait pertinenet est la nasalité qui est présent dans /m/ et absent dans /b/.
Par contre dans la paire /mɔʁ/ et nord /nɔʁ/ le trait pertinent est la bilabialité présent dans /m/ et absent dans /n/.
Trait complexe
En français, les phonèmes /p/ et /f/ dans la paire port /pɔʁ et fort /fɔʁ/ se distingue par les traits suivants :
- P : occlusive + bilabiale
- F : fricative + labiodentale
Mais si on compare /p/ aux autres phonèmes consonantiques du français on constatera ceci : toutes les consonnes bilabiales sont occlusives, En revanche, les occlusives ne sont pas toutes bilabiales. Par conséquent c'est le trait de bilabialité qui est pertinent.
Même chose pour /f/ : on constate que toutes les labiodentales sont fricatives, mais les fricatives ne sont pas forcément labiodentales. Dans la paire /sɔʁ/ et fort /fɔʁ/ /k/ et /s/ se distinguent par un trait complexe :
- K : occlusive + vélaire
- S : fricative + alvéolaire
Or, si je travaille sur tous les phonèmes consonantiques du français je remarque ceci : toutes les vélaire sont occlusives, mais les occlusives ne sont pas toutes vélaires. De même toutes les alvéolaires sont fricatives, mais les fricatives ne sont pas toutes alvéolaires.
Voici le tableau phonologique des consonnes (ou phonèmes consonantique) du français :
Cliquez sur le tableau pour agrandir |
Les traits pertinents servent à opposer les phonèmes d'une même langue les uns au autres. C'est le trait de la sonorité qui oppose /p/ à /b/ et c'est le trait de nasalité qui oppose /m/ à /b/. Par conséquent c'est le trait de sonorité qui oppose dans une paire minimale pont /pɔ̃/ à bon /bɔ̃/; par /paʁ/ et bar /baʁ/. De même c'est le trait de nasalité qui oppose dans une paire minimale mont /mɔ̃/ à bon /bɔ̃/; main /mɛ̃/ à bain /bɛ̃/. Donc le trai pertinent est fondamental dans les oppositions phonologiques et dans le sens des mots dans une paire minimale. Cela s'applique aussi bien aux consonnes qu'aux voyelles :
- Orale/nasale :
- ɑ/ɑ̃ ===> bas /bɑ/; bon /bɑ̃/
- ɔ/ɔ̃
- ɛ/ɛ̃
- œ/œ̃
- Antérieure/postérieure : malle /mal/ et mâle /mɑl/
==> C'est le a postérieur dans mâle et intérieur dans malle qui oppose cette paire minimale ;)
Le trait pertinent remplit une fonction phonologique : il oppose les mots dans une paire minimales au niveau du sens.
Corrélation phonologique et marque de corrélation
Lorsque le même trait permet d'opposer sous forme de couple on parle de corrélation phonologique. Le trait distinctif est appelé marque de corrélation exemple :
/-sonorité/ ====>P,T,K,F,S,ʃ
/+sonorité ====>B,D,G,V,Z,ʒ
====> la marque de corrélation, c'est la sonorité.
Matrice de traits distinctifs
Voici la matrice que propose Roman Jacobson :
- Vocalique/non vocalique
- Consonantique/non consonantique
Jacobson ne se contente pas d'une seule opposition : vocalique/consonantique, mais propose deux catégorie distinctes qui permettent d'avoir quatre séries de phonèmes. En effet, on a [-vocalique +consonantique] :
p, b, m, n, t...etc. On a aussi [+vocalique -consonantique] : ɑ,ɑ̃, ɔ̃....etc. Mais les phonèmes /ʁ/ et /l/ sont [+vocalique +consonantique] : ils ont certaines caractéristiques des voyelles (exemple la sonorité, l’échappement de l'air par la bouche........etc); puis il y a des phonèmes [+vocalique +consonantique] : c'est /j/, /ɥ/ et /w/
- Compact/diffus : Pour un phonème compact une énergie se concentre au centre. Tandis qu'un phonème diffus se prononce sans concentration d'énergie. Les consonnes postérieures (palatales et vélaires) constituent des phonèmes compacts; alors que les phonèmes antérieures (bilabiales, labiodentales, alvéolaires). De même les voyelles compactes sont les voyelles ouvertes. En revanche, les voyelles fermées sont diffuses.
- grave/aigu : un son grave est un son bas, tandis qu'un son aigu est haut. Les consonnes postérieures sont graves, par contre les consonnes antérieures sont aiguës.
- Tendu/relâché : le phonème tendu a une intensité plus forte et il est plus lent, mais un phonème relâché est moins fort + moins lent. Par contre en espagnole on a deux prononciation du r (roulé) :
- tendu [perro]
- relâché [pero]
- Voisé/non voisé :
- Nasal/oral :
- Discontinu/continu : là c'est une question du mode d'articulation (oculisves ou fricatives)
- Strident/mat : un phonème strident se prononce avec un bruit exemple /ʃ/ et /ʒ/ quand un phonème mat il se caractérise par un bruit uniforme exemple ﺙ [θ]
- Bloqué/non bloqué : propre à la langue arabe, un phonème bloqué est un phonème glottale exemple ﻩ [h]. Un phonème non-bloqué, c'est un phonème qui n'est pas glottale exemple /f/
- Bémolisé/non-bémolisé : un phonème bémolisé est prononcé avec la bouche rétrécie, c'est le cas des consonnes pharyngales exemples : ح (lettre ḥāʾ), ع (lettre ʿayn)
- Diésé/non-diésé : cette opposition intervient quand il s'agit des traits grave/aigu : un phonème aigu peut être diésé (+ aigu) ou non aigu (-aigu).
===> Les consonnes palatales sont diésés, à la différence des consonnes non-palatales qui sont non-diésés.
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