Cours 5

Pourquoi l’ordre alphabétique ?

Les dictionnaires permettent, à travers une consultation rapide, de repérer un élément de l'ensemble des mots mais, Il y a un certain nombre de problème qui découlent de la liste alphabétique :

Ce classement par exemple (classement dessous) Laisse croire qu'il y a une certaine parenté  entre les mots:

1. Gaz
2. Gazage
3. Gaze
4. Gazée
5. Gazéification
   
6. Gazelle
7. Gazéifier

Le dictionnaire parfois ne facilite pas la tâche aux chercheurs, dans ce classement là-dessus plusieurs choix arbitraires sont impliqués : 

• Appelle à la forme du signe et non son contenu
• Choix de la forme graphique et non son ordre 
• Nombre et succession de ces lettres dans le système alphabétique est une pure convention d'origine incertaine 
• On privilégie la forme graphique et non celle sonore 

La présence d'une liste alphabétique montre une certaine stabilité de la langue française, MAIS l'ordre alphabétique ne permet une consultation rapide que lorsque la graphie du mot est connu au moins dans sa partie initiale et ce qui ne va pas avec les mots qui admettent les graphies exemple (phantasme et fantasme). Enfin l’ordre alphabétique démembre le lexique, sépare les mots qui ont une certaine parenté. Beaucoup de linguiste condamne cet ordre, Marcel Cohen dit : "ordre alphabétique démembre les familles de mots". Dans le même sens il y a Josette Rey-Debove qui annonce ceci : "il ne fonde aucune communauté ni aucune gradation entre éléments successifs".

 Il est rare que des mots qui se ressemblent sont dans un même voisinage, d'habitude les mots qui se suivent n'entretiennent aucune parenté sémantique. Exemple les mots (pleuvasser/pleuviner/pleuvioter/pleuvoir/pleuvoter)consistent une famille complètement explosée dans le dictionnaire.

Parfois il faut aller 6 colonnes et demi pour trouver le mot pluie et 7 autres colonnes pour trouver le groupe pluvieux, pluviomètre.

Si les dérivés suffixaux se retrouvent parfois dans le même voisinage, ceux formés à l'aide de suffixes se retrouvent éloignés plus au moins de leur racine (chef de famille) et se présentent souvent avant celui-ci (faire/défaire, plumer/déplumer).

Concernant les relations strictement sémantiques, les mots de sens voisin ou équivalent ont peu de chance de se retrouver côte à côte (façon et manière,fabriquer et construire).

Souvent le voisinage est assez curieux et peut induire en erreur : pogné (mot familier qui veut dire main) et pognon (mot familier qui signifie argent). L'ordre alphabétique fausse l'organisation du lexique qui considère les mots comme entretenant des relations. exemple on a les mots "jeu", "jouer", mais pour évoquer ce qui se rapporte au jeu on dit "ludique" : ludique retrouve sa base dans le latin (ludus), ce mot est formé par dérivation savante. En raison de ce qu'on a dit là dessus, il y a certains dictionnaires qui ont ôté pour le regroupement (analyse en champs sémantiques et champs lexicaux, par J.Picoche) :

1. Champs formels, dénotationnel ou morphologique : Organisation de mots en mots simples, dérivés  ou composés (même radicale). exemple : laver/lavage/laverie/lavoir/délaver/relaver/lave-linge/lave-vaisselle.
2. Champs notionnel ou associatif : association libre, là les mots seront regroupés par notion et chaque notion a un noyau exemple si on prends le mot "été" comme noyau cela évoquera tous les mots qui en gravitent autour (vacances, chaleur, la mer, bronzage, se prélasser....)
3. Champs génériques : le signifié aura un sens large (relation d’inclusion entre les mots) exemple le mot "chien" va rappeler (Bouledogue, caniche, Berger allemand, chihuahua, épagneule....etc.) et il ya possibilité de désigner toute la classe de ce mot "chien"(inclusion unilatérale). Le mot fleur dans ce sens ça peut être une rose, une narcisse ......etc).

 Un seul champ est insuffisant pour une organisation globale du lexique. 

 

Les  Champs notionnel ou associatif ont un lien sémantique basé sur l'évocation, donc il ya plus de liberté à ce niveau et moins de contraintes. Dans les Champs génériques l'appartenance à la même classe grammaticale s'impose ce qui constitue une contrainte (si la nature du mot est un nom, tous les espèces ou toute la classe de ce mot seront des noms). 

 

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