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dimanche 17 novembre 2013

Mme de Staël


Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël, est née à  Paris le 22 avril 1766 (décès le 14 juillet 1817, suite à une attaque de paralysie qui la terrasse lors d'un bal).
La baronne, épouse de l'ambassadeur de Suède, est quelque peu volage et remuante et présente une silhouette un peu lourde. Pas jolie, mais intéressante... C'est elle qui a dit que "la gloire est le deuil éclatant du bonheur." 
Nous retiendrons la genèse intellectuelle, son avant-gardisme et son esprit éclairé, le rejet que certains hommes éprouvent à son égard, sa vie sentimentale chaotique, enfin son exil et ses voyages à l'étranger (notamment en Allemagne).
Très jeune, elle participe aux conversations éclairées du salon que tient sa mère à Paris. On rapporte cette anecdote : elle y déclare un jour que la langue française n'a pas de brèves ni de longues comme les langues latine ou grecque. Et que par conséquent notre langue est incapable d'exprimer le sens de la nuance à cause d'un accent qui manque de subtilité. Elle a beaucoup d'aisance tant dans ses discours que dans ses nombreux écrits et un esprit sérieux, n'ayant pas peur de s'attaquer à des problèmes théoriques, notamment le rôle des femmes.
Après son Journal de jeunesse (1785), elle écrit bien quelques romans lus et appréciés, notammentDelphine, Corinne ou l'Italie mais ne se trouve véritablement à l'aise que dans des écrits plus sérieux dont on peut citer, entre autres :
  • Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau, 
  • Eloge de M. de Guibert, 
  • A quels signes peut-on reconnaître quelle est l'opinion de la majorité de la nation ?
  • Réflexions sur le procès de la Reine,
  • Réflexions sur la paix,
  • Réflexions sur la paix intérieure,
  • De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations,
  • Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France,
  • De la littérature dans ses rapports avec les institutions sociales,
  • De l'Allemagne,
  • Réflexions sur le suicide,
  • De l'esprit des traductions,
  • Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (édition posthume, 1818).
Dans son ouvrage fondateur, De la littérature (voir supra), elle compare les institutions d'un pays avec l'inspiration de ses auteurs, ce qui revient à expliquer l'essor ou le déclin de la littérature d'une nation par la forme de son gouvernement, son type de religion ou l'état de ses moeurs. 
Si la Révolution la séduit au départ, elle en déplore les excès. Il suffit de lire les Actes des Apôtres et l'image négative qu'ils en transmettent. Lisons ce qui suit :
Début de citation ---

“Madame de Staël a une image négative chez les publicistes de la période révolutionnaire. Un texte de Champcenetz publié en 1789, intitulé Réponse aux Lettres sur le caractère et les ouvrages de J.-J. Rousseau attaque Mme de Staël. Les attaques portent sur trois points principaux : Necker et le culte paternel, la sensibilité féminine et le ”pathos” de Madame de Staël, les ridicules de la “femme savante”. L’enjeu à peine implicite de ces attaques est la concurrence dans le champ littéraire : non seulement Champcenetz prétend pour son compte à la réappropriation de la figure de Rousseau, qu’il estime dégradée par le texte staëlien, mais il s’interroge sur la légitimité de la femme écrivain, identifiée à une culture de salon où les hommes seraient subjugués par la prétention féminine au magistère du goût. Il en appelle ainsi à une sorte de “revirilisation” de la tribune littéraire, dans les termes qui sont précisément ceux de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles. 
Champcenetz, qui fut un des collaborateurs des Actes des apôtres, où il appartenait au camp ultra au même titre que Rivarol et Tilly, constitue une introduction idéale aux grands thèmes et obsessions des articles de la presse du temps révolutionnaire qui s’en prennent à Madame de Staël. Il n’existe alors aucun frein juridique à la liberté de la presse, totale depuis 1789. Beaucoup d’allusions sont à caractère sexiste, voire obscène, en particulier dans les Actes des Apôtres. Au moment où elle est enceinte d’Auguste, un rédacteur note ainsi avec élégance que “son corset est élargi” et s’interroge avec le même raffinement sur le père, qui pourrait être Talleyrand. La Chronique outrageuse l’imagine en 1792 faisant la liste de ses amants. Le physique ingrat est une autre antienne : “Pour avoir des amants, on n’en est pas moins laide”, lit-on en 1791 dans le Journal de la Cour et de la Ville. On fait aussi de Madame de Staël une révolutionnaire fanatique : le Journal de Paris la montre, en 1790, riant aux éclats devant la tête de la Princesse de Lamballe… On trouve également nombre de références à son statut d’étrangère. La violence du ton ne désempare pas. En 1796, les Actes des apôtres et des martyrss’en prennent à “la femme Staël” et ses “ravissements extatiques”. On est même allé jusqu’à la décrire en sorcière juchée sur un balai et vêtue d’une robe constellée de larmes de sang ! Les Actes se font aussi l’écho d’une thématique vouée à une grande postérité : celle de l’être amphibie, ni homme, ni femme, “la fille hermaphrodite de Necker”, cet “être singulier” (1797).”
Fin de citation ---
(Sources : les publications du Cercle de Coppet) 
On ne l'aime pas : “Voici la funeste tâche qu'il [Necker] a remplie, voilà sa destinée, voilà ce qu'a fait M. Necker : il a fait de plus Mme de Staël. ” écrit Alexandre de Tilly dans ses Mémoires. Il la juge insupportable, laide, ambitieuse et maladroite. Il n'est pas le seul. Goethe s'offusque de son comportement lors du voyage qu'elle fait en Allemagne. Rahel Varnhagen, l'un des beaux-esprits berlinois, refuse même de la recevoir en son salon. Quant à Napoléon, il l'exile en Suisse. 
Elle est veuve, se remarie, ce qui ne l'empêche pas d'entretenir une longue liaison orageuse avec Benjamin Constant qui s'inspire de leurs relations dans Adolphe. 
A la différence de nombre de ses contemporains, le prince de Ligne en pense du bien : « … Mme de Staël, dont l’admiration qu’elle inspire par des ouvrages qui la mettent hors de ligne est le moindre des attributs. Elle est bonne, facile à vivre, reconnaissante d’un rien. Je ne sais ce qui est le plus chaud de son cœur ou de sa tête. Ces deux ennemis ont de la peine à s’accorder entre eux. Son luxe d’esprit enchante ou impatiente car, s’il s’agit de discuter, elle paradoxe, et si le mot sensibilité se prononce, la voilà qui part. mais quelle grâce et bonhomie à faire valoir chacun ! Quelle éloquence ! Quelle improvisation ! et quelle âme ! » 

Mme de Staël lui rend visite à Vienne en 1807 et le convainc à la laisser faire un choix dans les trente-quatre volumes des Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (sic), choix qui débouchera sur la publication des Lettres et pensées du prince de Ligne (édition de Mme de Staël, Paschoud, Genève, 1809). Elle dira : « Il faut se représenter l’expression de sa belle physionomie, la gaieté caractéristique de ses contes, la simplicité avec laquelle il s’abandonne à la plaisanterie, pour aimer jusqu’aux négligences de sa manière d’écrire. »
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