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mercredi 3 juillet 2013

Honoré de Balzac


Tour à tour dramaturge aux manuscrits rejetés par les théâtres, imprimeur criblé de dettes se réfugiant en Touraine pour fuir ses créanciers ou journaliste fustigeant le libéralisme au nom de ses convictions légitimistes,
Honoré de Balzac a transposé son ambition et son incroyable énergie dans tous les projets qui le séduisaient. Capable d’écrire des dizaines d’articles de presse en une année, auteur de milliers de lettres et de plus de cent œuvres littéraires, il travaillait jusqu’à dix-huit heures par jour, comme saisi par l’urgence de livrer au monde son inspiration géniale. Celle-ci pris corps dans La Comédie humaine, œuvre titanesque en perpétuel mouvement. Malade, altéré par de nombreuses crises cardiaques, l’homme à la robe de bure est épuisé avant d’avoir pu y mettre un point final. Aujourd’hui l’ambition d’Eugène Rastignac et le médecin Horace Bianchon hantent toujours la littérature comme ils ont hantés les diverses scènes d’une immense fresque sociale qui a bouleversé la littérature.

Les illusions perdues

Honoré de Balzac naît à Tours le 20 mai 1799. Sa famille est le fruit des mutations de l’époque qui voit émerger une petite bourgeoisie, à l’image de son père, directeur des vivres de la 22e division militaire. Si la beauté des paysages tourangeaux semble avoir marqué l’enfance d’Honoré, les premières années de sa vie ne sont pas celles de l’innocence et du bonheur univoque. Sa mère, une jeune femme de vingt-et-un ans mariée à un homme qui en a cinquante-trois, ne donne guère d’affection à son fils aîné. D’ailleurs, elle préférera Henri-François, de huit ans son cadet et probablement conçu hors des liens du mariage. Heureusement, Honoré est très proche de sa petite sœur Laure, future madame Surville, avec laquelle il instaure une complicité qui ne s’éteindra jamais.
En 1807, Honoré découvre la solitude du pensionnat à Vendôme. Il revient à Tours en 1813 comme externe. Dès l’année suivante, alors que l’heure de la Restauration a sonné en France, la famille Balzac s’installe dans la capitale. En 1816, Honoré entame des études de droits tout en suivant le métier de clerc de notaire. La culture de son employeur, Jean-Baptiste Guillonnet-Merville, inspirera plus tard le personnage de Derville, présent notamment dans le Colonel Chabert. A 20 ans, Honoré de Balzac est bachelier en droit, mais il renonce à la carrière de juriste : il veut être écrivain.

Des tâtonnements parfois douloureux

Dès 1820, Balzac rédige ses premières œuvres. Il se concentre sur le théâtre et traite la révolution anglaise. Mais son Cromwell reçoit un accueil unanimement défavorable. Tout comme la plupart de ses futures pièces, il ne sera jamais joué.
Face à ces difficultés, Balzac ne renonce pas. Il se consacre à l’écriture « alimentaire » en publiant des romans d’aventure sous divers pseudonymes. Certaines de ses œuvres sont d’ailleurs le fruit de collaboration. A défaut d’exprimer son génie, Honoré travaille son style. A cette époque, il est l’amant passionnée de Laure de Berny, une femme de 22 ans son aînée.
A partir de 1825, Balzac tente l’aventure de l’édition avant de s’essayer à l’imprimerie un an plus tard. Les résultats sont désastreux et le criblent de dettes quasiment pour le reste de sa vie. En 1828, il décide de limiter ses ambitions à la littérature, ou tout du moins à l’écriture, puisque ce sont ses articles de presse qui lui donnent l’argent pour survivre.
Le Dernier Chouan (rebaptisé par la suite Les Chouans) est le premier roman à paraître sous le nom de Balzac et non celui de Lord R’Hoone ou Horace de Saint-Aubin. Premier pas vers la Comédie humaine, il est suivi entre autres de La Femme vertueuse (Une double famille), des Dangers de l’inconduite (Gobsek) ou encore de Peau de chagrin. Cependant, jusqu’en 1833, Balzac se consacre essentiellement au journalisme où, après la Révolution de Juillet, il affiche ses convictions légitimistes. Il convoite d’ailleurs un poste de député en 1831, sans y parvenir. Par ailleurs, il affiche déjà un goût du luxe qu’il n’aura jamais les moyens d’assumer.

« Salue-moi, car je suis tout bonnement en train de devenir un génie. »

Au-delà des quelques tentatives d’investissements malheureuses, notamment dans la Chronique de Paris et une mine argentifère sarde, les années 1830 voient mûrir le projet littéraire de Balzac. Il développe son principes des « scènes » puis celui « d’études ». Parallèlement, alors qu’il rédige Le Père Goriot,  il découvre la force des personnages réapparaissant. Il s’agit de faire passer un personnage d’un roman à un autre, à un âge et dans un contexte différent. Conscient de la puissance de ses nouvelles idées, il affirme à sa sœur « Salue-moi, car je suis tout bonnement en train de devenir un génie. »
A partir de 1834, il planifie un projet littéraire d’ampleur, structuré par trois formes fondamentales : les « scènes », elle-même divisées en « scènes de la vie privées », « scènes de la vie de province » et « scènes de la vie parisienne ». Renforcées plus tard par les « scènes de la vie de campagne » et les « scènes de la vie militaire », elles constituent la base de l’édifice. Balzac les présente comme des « études de mœurs ». La deuxième forme est celle des « études philosophiques » qui partent des effets pour remonter aux causes. Enfin, les « études analytiques » doivent remonter aux principes.
Durant les années qui suivent, Balzac se livre à un intense travail de rédaction qui donne naissance notamment au Lys dans la vallée, à Béatrix, à Une fille d’Eve, aux Illusions perdues,  au Le Curé du village… Il corrige aussi ses anciens manuscrits, renommant certains personnages pour créer des liens entre les romans.

La Comédie humaine

En 1840, Balzac trouve le nom de son œuvre : La Comédie humaine, certainement en référence à la Divine comédie de Dante Alighieri. L’année suivante, il signe un contrat avec les éditeurs Furne pour la publication de cette œuvre encore inachevée. Toujours endetté, Balzac parvient à négocier une importante commission par exemplaire vendu. L’édition est précédée par un célèbre avant-propos qui expose les théories littéraires et philosophiques de l’auteur.
Durant cette décennie, hormis une nouvelle tentative malheureuse dans la presse avec la création de la Revue parisienne, Balzac ne se hasarde plus dans des projets aventureux. Il se contente d’être le cauchemar des éditeurs, en corrigeant sans relâche les manuscrits. Il va jusqu’à provoquer dix-sept allers-retours avec l’imprimeur avant d’accepter une version définitive. Mais surtout, il poursuit la rédaction de son œuvre avec Splendeurs et misères des courtisanes ou encore Cousine Bette, ainsi que sa relation épistolaire avec l’ukrainienne Eve Hanska.
A partir de 1843, les deux amants se décident à suivre une vraie relation, faites de voyages en Europe. Balzac dépense des fortunes, espère un enfant qui sera mort-né, avant que le mariage puisse aboutir le 14 mars 1850. Mais l’écrivain est épuisé par son travail et ses excès, il s’éteint quelques mois plus tard dans son « palais » de la rue Fortunée.
Connaissant le succès en son siècle sans jamais recevoir de reconnaissance officielle, Balzac, à qui l’Académie Française n’a même pas entrouvert la porte, laisse un héritage littéraire immense. Si son écriture ne se fond dans aucune école, les auteurs de son temps, qui l’ont toujours reconnu, lui rendent hommage avant que la génération suivante s’empare de son héritage.
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