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samedi 15 novembre 2014

L'analyse en champs sémantiques (partie 2)

Logique des champs génériques 

Il y a une logique dans l'organisation des termes de ces champs :

  • Les mots d'un champ générique sont commutables 
  • Les mots d'un champ générique peuvent entretenir différentes relations évoquant la synonymie, la para-synonymie, antonymie, complémentarité (la distinction à ce niveau est faite d'un modèle emprunté à la logique).  

Classe, genre et espèce 

« Une classe est un ensemble d'objets définis par le fait qu'ils possèdent tous et seuls un ou plusieurs caractéristiques communes. » Jacqueline Picoche, Précis de lexicologie française p.96

L’ensemble des sièges constitue une classe qui est la classe des sièges, cette classe comprend tous les objets identifiables comme des sièges et qui ont une ou plusieurs caractéristiques communes et dont le dénominateur commun c'est qu'ils sont tous des objets fabriqués pour s'asseoir. Le mot «siège» c'est le terme générique et les mots «chaise, fauteuil, banc, pouf, strapontin, sofa, canapé, chaise longue, rocking chair...etc. » sont des espèces et le point commun entre genre et espèce ici c'est cette possibilité de s'asseoir. 
On peut dire que le terme «chaise» est considéré comme un élément de la classe des sièges qui est définit comme un genre.

Construction pour la navigation
Classe des bateaux 

  • Voiliers : trois-mâts, goélette, ketch, yacht, cotre...etc
  • Navires de guerre : croiseur, cuirassé, porte-avion, sous-marin..etc
  • Navires marchands : cargo, pétrolier, paquebot, porte-conteneur...etc
  • Embarcations : barque, chaloupe, kayak...etc. 
 Voiliers, navires de guerre, navires marchands, embarcations forment une espèce de la classe des bateaux, alors que ce qui définit l'espèce voiliers par exemple constitue une sous-espèce.    
Chaque champ générique comporte une classe qui contient des genres et des espèces, une classe n'est jamais définit définitivement.

Si nous prenons un concept plus restreint comme celui «un objet conçu pour la navigation et propulsé par le vent» le terme générique qui correspond à cette définition sera donc le mot «voiliers». La classe des bateaux dans la première configuration est le champ générique dont «voiliers» constitue un sous-groupe. Le mot «bateaux» est genre par rapport à «voiliers», mais «bateaux» peut devenir une espèce par rapport à un genre plus large qui «objets fabriqués»
On déduit à partir cela qu'un champ générique est hiérarchisé en genre et en espèce, on peut dire qu'il est définit en étant un ensemble de noms ayant le même genre.

Hyperonyme, hyponyme

Le mot bateaux désigne le genre qui inclut l'espèce «voiliers» et cette espèce peut fonctionner à son tour comme genre par rapport à «trois-mâts, goélette, ketch, yacht, cotre...etc», pour cette liste de mots «voiliers» est le genre prochain et «bateaux» en constitue le genre éloigné. En terme de relation d’hyponymie le mot «bateaux» est superordonné/générique, le mot «voiliers» lui est hyponyme «bateaux».

Extension/compréhension  

L'extension est définit comme l'ensemble des objets réels ou imaginaires, concrets ou abstraits auxquels réfère un mot. C'est en d'autres termes, la totalité des êtres ou des choses qu'un nom désigne. Quand on parle du principe que le mot «bateaux» recouvre tous les «voiliers» plus d'autres types de bateaux on peut dire que ce mot a une plus grande extension que le terme «voiliers» : le genre a une plus grande extension que l'espèce, par contre l'espèce a une plus faible extension du faite qu'elle désigne une entité sémantique plus spécifique.
Mais l'espèce a une plus grande compréhension : la compréhension est l'ensemble des caractéristiques  qui appartiennes à un concept prenons l'exemple du bateaux qui est «un nom générique des objets fabriqués flottants de toute dimension et destinés à la navigation» et «voiliers» qui est «un bateau à voiles propulsé par le vent» : pour voiliers l’extension du sens est restreinte, mais un voiliers est un bateau à voiles c'est à dire qu'il a toutes les caractéristiques de la classe des bateaux plus un caractère supplémentaire donc sa compréhension est plus vaste. «propulsé par le vent» constitue la différence spécifique.
Le genre inclut l'espèce du point de vue de l'extension, alors que l'espèce inclut le genre du point de vue de la compréhension puisque la compréhension d'un terme comme voiliers comprend touts les termes définissant le mot bateaux plus ceux qui lui sont propre.

Rapport entre les termes d'un champ générique      

Rapport de synonymie 

« mots appartenant à la même catégorie grammaticale et ayant le même genre prochain et les même différence spécifiques sont dits synonymes. »
Soit les deux mots «destroyer» et «torpilleur» : tous les deux sont des bateaux de guerre, rapides et de faible tonnage, destinés à l'attaque des navires ennemis. C'est deux mots présente le même genre éloigné (bateaux), le même genre prochain (de guerre) et ils partagent les même différence spécifiques :
  1. rapides
  2. faible tonnage
  3. destinés à l'attaque 
L'exemple en dessus constitue un cas assez rare de synonymie parfaite      
===> Les vrais synonymes n'existent que dans les langues scientifiques qui élaborent deux termes pour un même concept exemple destroyer/torpilleur, migraine(formation populaire)/céphalé(formation savant).

Synonymie lié au contexte  

Les mots vie, pain et bifteck seront synonyme si ont doit parler de l'expression «gagner son bifteck...etc.» donc la synonymie dans ce cas est liée au contexte. Pour les mot "matou" et "chat" la synonymie est parfaite puisque le terme générale "chat" porte une marque qui perturbe cette synonymie là on parle de «parasynonymie». Même chose pour "belle-fille" et "bru" dont "bru" porte un caractère régional ou encore "belle-mère" et "marâtre" sachant que le deuxième mot porte une marque supplémentaire qui est la méchanceté. 

Du point de vue logique la synonymie de l'éponymie : la première a une relation d'implication bilatéral, alors que la deuxième renvoie vers une relation d'implication unilatéral. 
Rouge => pourpre => carmin  
===> pourpre est à la fois synonyme et éponyme de «rouge», mais parfois il y a confusion.

Rapport d'antonymie   

Tout comme la synonymie, l'antonymie est partielle et souvent rattachée au contexte, selon le contexte un terme peut avoir plusieurs antonymes : 
  • Le mot «claire» aura comme antonyme le mot «trouble» quand on parle de l'eau 
  • Le mot «claire» aura comme antonyme le mot «foncé» quand on parle d'une couleur
  • Le mot «claire» aura comme antonyme le mot «obscur» si on parle d'idées. 
Parmi les antonymes nous avons trois types d'antonymes qui définissent les extrêmes d'une échelle de gradation :
  • Antonymes réciproques ou converses  : exemple vendre/acheter : l'existence de l'un de ces mots dépend de l'existence de l'autre. Ce rapport peut être neutralisé par l'existence d'un terme intermédiaire"échanger". 
  • Antonymes complémentaires : impossibilité d'existence d'un terme intermédiaire, exemple mort/vivant. ce type d'antonymie est fréquent dans les formulaires. Dans ce cas la négation d'un mot entraîne l'insertion de l'autre. 
  • Antonymes contraire ou graduel : rapport qui exprime les deux extrêmes, mais contrairement aux antonymes réciproques ou aux antonymes complémentaires, il existe des moyens termes entres les deux extrêmes : chacun des deux termes est l'équivalent de la négation de l'autre, ce qui est faux n'est pas vrai, là relation entre termes ici est irréversible.  Ce qui n'est pas grand n'est nécessairement petit et ce qui n'est pas petit n'est forcément grand, il existe plusieurs moyens d'exprimer l'antonymie à ce niveau :
  1. Par deux termes sans rapport morphologique exemple chaud/froid => existence de plusieurs moyens termes (frais, tiède, brûlant, glacial..etc.), les mots ici se caractérisent par une gradation.
  2. Par un dérivé construit : à l'aide d'un préfixe négatif exemple normal/anormal, faire/défaire, 
  3. Par les diverses formes de comparatif et de superlatif qui expriment tous les intermédiaires entre termes. 
  4. Par des termes qui expriment des qualités ou des valeurs exemple bien/mal, beau/laid...etc.
  5. Quantité : peu/beaucoup
  6. Mesure ou dimension : grand/petit...etc.
  7. Déplacement : entrer/sortir...etc.
  8. Localisation dans l'espace : haut/bas, droit/gauche...etc. 
  9. Chronologie : avant/après..etc. 
Dans l'antonymie, il faut faire attention au contexte, la polysémie peut troubler la relation d’antonymie ainsi un terme autonymique peut accepter plusieurs antonymes selon le contexte exemple les mots chaleur/froideur peuvent se référer soit à la température soit à à un sentiment, de même pour le mot «veille» qui peut évoquer les mots "lendemain et sommeil".
Quel que soit les rapports qui organisent les termes d'un champ générique qu'ils s'agissent d'antonymie ou de synonymie, ces termes appartiennent à la même catégorie grammaticale et partagent le même genre. 

Exercice : analysez les mots du corpus suivant en champ lexicaux sémantiques.

Magicien, vol, subtil, séduire, charme, subtiliser, dérober, magie, irritable, talisman, aimable, coléreux, voler, sortilège, ravir, irritation, rage, amulette, charmer, irriter, charmeur, emportement, séducteur, fin, irascible.    
 Correction 


  • Champ morphologique : 
  1. Charme => charmer => charmeur
  2. Vol => voler 
  3. Irriter => irritation => irritable => irascible (formation savant qui vient du latin)
  4. Séduire => séducteur
  5. Subtil => subtiliser 
  • Champ associatif : 
Magie : magicien, séduire, charme, fin, talisman, sortilège, subtil, amulette, charmer, séducteur, aimable.

Rage : irriter, irritation, irritable, emportement, coléreux...etc.

Vol : dérober, ravir, voler, subtiliser..etc.

Pour «charmer» il y a un autre champ relatif à l'amour. 

  •  Champ générique
  1. Magicien : séducteur, charmeur 
  2. Talisman : amulette 
  3. Magie : charme, sortilège
  4. Charmer : ravir, séduire
  5. Voler : subtiliser, dérober, ravir
  6. Coléreux : irritable, irascible, aimable 
  7. Rage : emportement, irritation 


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