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samedi 7 décembre 2013

La cité du soleil, Tomasso Campanella/partie 3

« Celles qui ont conçu s’abstiennent de marcher pendant quinze jours, puis, elles prennent peu à peu quelque exercice, afin de fortifier leur fœtus et de lui ouvrir les voies de la nourriture, et graduellement elles lui donnent des forces par un exercice toujours croissant. Elles ne mangent que ce qui doit leur être profitable, d’après l’avis des médecins. Après l’accouchement, elles nourrissent elles-mêmes l’enfant et l’élèvent dans des édifices communs réservés à cet usage ; l’allaitement dure deux ans et plus, si le médecin le juge à propos. Une fois l’enfant sevré, on le confie aux mains des maîtres ou des maîtresses, suivant son sexe»

Ce n'est pas les parents biologiques qui se chargent de l'éducation des enfants, cet éloignement ne va pas permettre de tomber dans le concept de «famille» qui favorise l’égoïsme. Puis avec cette situation les enfants auront le sens de la communauté.

«Nous croyons que la nature exige que nous connaissions et que nous élevions ceux que nous engendrons ; que nous ayons une maison, une femme et des enfants à nous. Eux le nient et pensent, avec saint Thomas, que la génération est faite pour conserver l’espèce et non l’individu. La reproduction regarde donc la république et non les particuliers, si ce n’est comme partie du tout, qui est la république. Et comme les particuliers engendrent et élèvent très mal leurs enfants, il peut en résulter un grand mal pour la république qui, dans ce cas, a raison de ne s’en remettre qu’à elle-même sur un point de cette importance. La sollicitude de la paternité regarde donc bien plus la communauté que l’homme privé»

Pourquoi on dois confier les enfants à d'autres personnes que les parents biologiques ?

Selon  Tomasso Campanella l'éducation des enfants vise à préserver l'espèce (objectif beaucoup plus noble) que l'individus. C'est cette éducation qui permet de renforcer le sentiments d'appartenance à la communauté. Il ne faut pas valoriser l'individus au détriment de la société.

«On ne voit sur l’autel qu’un vaste globe sur lequel est dépeint le firmament, et un autre globe représentant la terre. Dans l’intérieur du grand dôme on a représenté toutes les étoiles du ciel, depuis la première jusqu’à la sixième grandeur. Trois vers, écrits sous chacune d’elles, disent leurs noms et l’influence qu’elles ont chacune sur les choses terrestres. Les pôles et les cercles, grands et petits, y sont aussi peints suivant leur horizon, mais incomplètement, puisque la moitié du globe manque, le dôme n’étant qu’une demi-sphère. On peut se perfectionner dans la science par l’inspection des globes qui sont sur l’autel. Le pavé est resplendissant de pierres précieuses. Sept lampes d’or, qui portent le nom des planètes, brûlent toujours.»

La cité croit que l'homme fait partie de la nature, l'homme n'est pas isolé de l'univers. La cité du soleil est un système qui essaye de reproduire le cosmos au niveau de l'organisation : il n'y a pas coupure entre l'homme et le cosmos. l'ordre naturel sera reproduit dans cette cité.

«Personne ne peut occuper la place de Métaphysicien, s’il ne connaît à fond l’histoire, les rites, les sacrifices et les lois de tous les États, tant républicains que monarchiques. Celui qui prétend parvenir à ce haut grade, doit aussi savoir les noms des inventeurs des lois et des arts, l’histoire de tout ce qui se passe au ciel et sur la terre. Il doit connaître également tous les arts mécaniques (en deux jours ils peuvent s’instruire sur un de ces arts au moins, grâce aux peintures dont nous avons parlé et à leur éducation première, la connaissance pratique n’étant pas exigée), la physique, les mathématiques et l’astrologie. On ne demande pas aussi sévèrement la connaissance des langues ; car il y a dans la république une grande quantité d’interprètes, Mais ce qu’on demande surtout, c’est que l’aspirant connaisse parfaitement la métaphysique et la théologie, l’origine, les fondements et les preuves de tous les arts et de toutes les sciences, les rapports de similitude ou de dissemblance des choses ; la nécessité, le sort et l’harmonie du monde ; la puissance, la sagesse et l’amour des œuvres de Dieu ; les degrés des êtres et leurs rapports avec le ciel, la terre, la mer et les desseins de Dieu, autant qu’il est permis à l’homme d’atteindre à cette connaissance. Il faut qu’il ait aussi étudié les prophètes et qu’il sache l’astrologie. — Les habitants de la cité jugent quel est celui d’entre eux qui peut prétendre à la dignité de Soleil, mais nul ne peut l’obtenir qu’après avoir atteint l’âge de trente-cinq ans. Cette charge est perpétuelle, à moins qu’on ne trouve un autre citoyen qui, par sa science et par son génie, soit plus digne de gouverner que le chef précédemment élu.»

Là on ai devant un autoportrait,  l'auteur parle de lui même. Ce métaphysicien cumule les fonctions de prêtre, mais aussi celles de savant et philosophe. A côté de l'ordre naturel (cosmos) la cité du soleil appelle aussi le savoir.

«L’HOSPITALIER.Tu ne me parles pas des juges.
LE GÉNOIS.J’allais le faire. Chaque individu est sous la juridiction immédiate du chef de son emploi. Par conséquent, les magistrats qui président à chaque fonction sont les juges de tous leurs subordonnés ; ils les punissent par l’exil, le fouet, la réprimande, la privation de la table commune, l’interdiction du temple et du commerce des femmes. Lorsqu’un Solarien a tué ou blessé quelqu’un avec préméditation, on lui applique la loi du talion, c’est-la-dire : la mort, s’il a tué ; on le prive d’un œil s’il en a crevé un à sa victime, du nez, etc. La peine est atténuée, s’il n’y a pas eu préméditation, comme dans une rixe. Cette diminution de peine ne peut cependant être faite que par les triumvirs et non par le juge. On peut même en rappeler des triumvirs au Soleil, non pour qu’il change la peine, mais pour qu’il fasse grâce, s’il le juge convenable. Lui seul a ce droit. Il n’y a qu’une prison dans la Cité, encore n’est-ce qu’une tour où l’on enferme les ennemis rebelles. Les accusations ne se font pas par écrit, mais sont portées seulement devant le juge, qui entend les témoins et les réponses de l’accusé. Puissance assiste également aux débats. La sentence est rendue séance tenante. Si le condamné en appelle au triumvir, dès le jour suivant la première sentence est cassée ou confirmée. Enfin, le troisième jour, le Soleilou accorde la grâce, ou maintient définitivement l’arrêt. Le coupable est obligé de se réconcilier avec l’accusateur et les témoins, comme avec les médecins de sa maladie, et de les embrasser en signe de paix. La peine de mort n’est infligée que par le peuple, qui tue ou lapide le coupable. Ce sont, toutefois, les témoins et l’accusateur qui doivent commencer l’exécution ; ils n’ont ni bourreaux, ni licteurs, afin ne n’être pas souillés par le voisinage de tels hommes. Parfois, cependant, on permet au condamné de se faire mourir lui-même. En ce cas, après avoir été exhorté à faire une bonne mort, le coupable s’entoure de sacs de poudre et y met lui-même le feu. La Cité tout entière se lamente et prie Dieu de s’apaiser ; car les Solariens regardent comme une marque de sa colère l’obligation où ils se trouvent de retrancher un membre gangrené de la république. D’ailleurs, la sentence ne s’exécute que lorsque, par des raisonnements convaincants ils ont persuadé au coupable qu’il est nécessaire qu’il meure, et qu’ils l’ont amené au point de désirer lui-même l’exécution de sa sentence. Mais si un crime est commis, soit contre la liberté de la république, soit contre Dieu ou contre les magistrats suprêmes, l’auteur en est puni sur-le-champ et sans rémission. D’après la religion, on conduit celui qui doit mourir devant le peuple, et là, on le force à dire les raisons qui pourraient le disculper et à dénoncer les crimes inconnus de ceux qui selon lui méritent la même peine. Il doit accuser aussi les magistrats qui, d’après sa conscience, devraient également périr au milieu des supplices. Si ses raisons sont trouvées bonnes, on se contente de l’exiler, et la Cité offre à Dieu des prières et des expiations. Ceux qui ont été dénoncés par le coupable ne sont cependant pas inquiétés, mais seulement réprimandés. Les fautes commises par faiblesse ou par ignorance ne sont punies que par une réprimande et par l’obligation dans laquelle on met le coupable de s’habituer à la modération, ou de s’appliquer à la science ou à l’industrie qu’il a négligée. Les Solariens se conduisent les uns envers les autres de telle sorte, qu’on les dirait les membres d’un même corps. Il faut encore que tu saches que si quelqu’un va s’accuser lui-même d’une faute secrète, en en demandant la punition à son magistrat, celui-ci commue la peine qu’on aurait infligée au coupable, s’il n’eût pas fait l’aveu de sa faute. On est toujours en garde pour que personne ne succombe sous une accusation calomnieuse ; au reste, le calomniateur est puni par la loi du talion, c’est-à-dire, qu’il subit la peine qui eût été prononcée contre le calomnié. Comme les Solariens ne sont jamais seuls, mais toujours réunis par groupes, il faut cinq témoins pour qu’une accusation soit valable. A défaut de témoins, on renvoie l’accusé sur son serment d’innocence, en l’avertissant toutefois. Si la même accusation est portée une seconde et une troisième fois contre le même individu, il suffit de deux ou trois témoins pour qu’il soit condamné à une peine double. Leurs lois peu nombreuses, courtes et claires sont écrites sur des tables d’airain suspendues aux portes et aux colonnes du temple. Les définitions de l’essence des choses sont inscrites sur chaque colonne, en style métaphysique très-concis ; c’est-a-dire, ce que c’est que Dieu, les anges, le monde, les étoiles, l’homme, le destin, la vertu, etc. ; tout cela est expliqué très-savamment. On voit là la définition exacte de chaque vertu. Les juges ont un siége au-dessous de la colonne où se trouve la définition de la vertu dont ils sont les magistrats, et lorsqu’ils doivent porter une sentence, il s’y asseyent et disent à l’accusé : « Mon fils, tu as péché contre cette définition sacrée de la bienfaisance, de la magnanimité, etc.... Lis.... » Puis, après avoir entendu l’accusé, ils le condamnent à la peine qu’il a encourue, selon qu’il a manqué à la bienfaisance, à la dignité, à l’humilité, à la reconnaissance, etc. Ces condamnations sont des préservatifs pour l’avenir, et plutôt des signes d’amitié paternelle que des corrections.»  

Afin d'assurer le bon fonctionnement de la société il faut respecter les lois de cette dernière. Le système judiciaire de la cité du soleil cherche une réconciliation d'individu avec la société, mais aussi une réconciliation de ce dernier avec lui même. Le rapport entre la communauté et l'accusé est un rapport d'amour puisqu'il un regret quand il s'agit de peine (vision de la société comme un corps).

«Le Soleil lui-même est le grand-prêtre des Solariens. Au-dessous de lui tous les principaux magistrats sont revêtus du sacerdoce. Leur emploi est de purifier les consciences de toute faute. Tous les Solariens déclarent secrètement leurs péchés aux magistrats par la confession, ainsi que cela se pratique parmi nous. Grâce à cet usage, les magistrats purgent les âmes et savent quels sont les péchés qui se multiplient dans le peuple. Ces magistrats sacrés confessent eux-mêmes aux triumvirs leurs propres fautes et celles des autres, avec circonspection, sans nommer personne, surtout pour les fautes les plus graves et pour celles qui peuvent porter atteinte à la prospérité de la république. Les triumvirs confessent également leurs péchés et ceux des autres au Soleil, qui, connaissant ainsi toutes les fautes qui se commettent le plus fréquemment dans la Cité, s’efforce d’y remédier. Il offre en expiation des prières et des sacrifices à Dieu, et, lorsqu’il le juge nécessaire, monté sur l’autel, il déclare en présence du Seigneur, publiquement, mais toujours sans nommer personne, les péchés de toute la Cité. Puis il absout le peuple en l’exhortant à ne pas retomber dans les mêmes fautes, enfin, confessant lui-même à haute voix ses propres péchés, il offre un sacrifice à Dieu, pour qu’il pardonne à la Cité, qu’il l’instruise et la protège. Une fois l’an les chefs de chaque ville sujette aux Solariens viennent faire au Soleil la confession des peuples qu’ils gouvernent, afin qu’il n’ignore pas les maux des provinces et qu’il puisse y remédier par tous les secours temporels et spirituels.»

Ce système religieux hiérarchique et panoptique contrôle la société de façon à s'opposer à toute intimité.

«Le Soleil demande au peuple quel est celui qui veut s’offrir en sacrifice à Dieu pour ses frères ; le plus saint s’offre de lui-même. Alors, après certaines prières et cérémonies, on le place sur une table carrée, ayant à chacun de ses angles une corde qui descend d’une poulie fixée dans le petit dôme. On demande au Dieu des miséricordes qu’il daigne accepter ce sacrifice humain volontaire. Les Solariens n’offrent pas, ainsi que le faisaient les Gentils, de sacrifices d’animaux, parce qu’ils sont involontaires. À l’instant fixé pour le sacrifice, le Soleil donne l’ordre de tirer les cordes et l’holocauste est élevé jusqu’au centre de la petite coupole. Là, il se livre à de ferventes prières. Les prêtres, qui ont leurs cellules autour de cette coupole, lui donnent des aliments par une des fenêtres, mais en très-petite quantité, jusqu’à ce que l’expiation soit complète. Le pénitent, après vingt ou trente jours de prières et de jeûne volontaire, lorsque la colère de Dieu semble s’être apaisée, devient prêtre, ou bien (mais fort rarement) il revient parmi ses concitoyens, en descendant par l’extérieur du temple, où sont les cellules sacerdotales. Il est traité avec beaucoup de respect et d’estime durant les reste de ses jours, pour s’être ainsi dévoué jusqu’à offrir sa vie à Dieu ; mais Dieu ne veut la mort de personne en sacrifice.»

Par le biais du sacrifice les liens entre les membres de la communauté vont être renforcés, il y aura une exaltation du sentiment d'appartenance à la société ce qui ne donnera pas lieu à l’égoïsme.

«Ils reconnaissent et contemplent Dieu sous la figure du soleil, qu’ils appellent son image, sa face et sa statue vivante, source par laquelle il déverse sur nous la lumière, la chaleur, la vie, la fécondité, en un mot, tous les biens. C’est pourquoi leur autel représente le soleil, et les prêtres adorent Dieu dans le soleil et dans les étoiles, qui sont ses autels, et dans le ciel, comme dans son temple. Ils implorent les anges qui vivent dans les étoiles, leurs habitations vivantes, comme des intercesseurs auprès de Dieu qui fait surtout éclater ses splendeurs dans le ciel et dans le soleil, son trophée et sa statue»

A travers le soleil, dieu est adoré par les solariens. C'est ce soleil qui permet d'accéder au divin ce qui assure l'égalité. Il y a d’autres éléments qui permettent de reconnaître Dieu : les étoiles. On reconnait Dieu à travers sa création, on ai ici devant une religion naturelle et sociale (social parce qu’elle est naturelle) : la nature ne pourra que vous montrez le bon chemin. Mais si on ai religieux par nature pourquoi y a-t-il châtiment ?
Selon Tomasso Campanella le monde est une création comptant des défauts, le mal est une nécessité pour que le bien puisse s’exprimer. Le monde ce n'est pas l'image du Dieu. Puisque le monde est crée il est historique, ce qui fait qu'il ne peut que connaitre des moments d'imperfection. L’homme pêche par efficience
et non pas par déficience. L’univers tend vers le désordre, nous pêchons hors Dieu, quand je sors de Dieu je laisse un vide en moi.  
 

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